LE CREATEUR

Jean-Michel JUDLIN, je suis né le 10 avril 1959 à Colmar en Alsace (France), 4ième d’une fratrie de 5 enfants. Mon père, Jean-Louis, dirigeait le service technique d’une grande entreprise de papier-carton ondulée à Kaysersberg, et ma mère, Elisabeth, se consacra à l’éducation de leurs enfants après une courte carrière d’assistante médicale.

J’ai vécu toute mon enfance à Kaysersberg, cité natale du Dr Albert Schweitzer, (Prix Nobel de la Paix), connue aussi pour son marché de Noël. Je reste très attaché à mes racines alsaciennes et suis toujours citoyen de Kaysersberg.

Après une scolarité sans histoire, j’obtiens mon baccalauréat en sciences mathématiques et physiques comme toute la famille. La biologie végétale me passionne, dans le but d'étudier et de faire de la recherche sur la communication des plantes. Mais les débouchés sont rares à cette époque ; une autre orientation trop théorique ne m’enchante pas et c’est ainsi que je m’oriente vers mon hobby de toujours, l’horticulture. Mais pour cela, il me faut d’abord obtenir un diplôme agricole. Je me retrouve dans une École d’Agriculture et je rattrape trois ans en une année pour obtenir ce diplôme.

Ensuite, je réussis l’entrée en Ecole Supérieure d’Horticulture à Antibes sur la Côte d’Azur. J’obtiens un B.T.S. (Brevet) en productions florales. Je refuse, contre l’avis de mes parents, de continuer les études pour devenir ingénieur horticole, les bureaux ne m’intéressant guère.

Une période de chômage me fait chercher du travail tous azimuts, même dans les pays limitrophes de l’Alsace (Allemagne, Suisse). C’est ainsi que j’arrive en Suisse Romande fin février 1981 à l’aube de mes 22ans. J’ai obtenu un emploi chez Andréfleurs à Assens dans le Gros de Vaud.

Je démarre une période de neuf ans et demi à la production .Après une année de polyvalence, je suis nommé responsable de la production de plantes vivaces et de rocailles sous la direction de M. Raimond Loewer, chef des cultures.

Je suis dans mon monde à moi, toujours dehors par tous les temps, m’occupant de la multiplication, culture de ces plantes jusqu’à la vente en gros dans toute la Romandie. Passionné, d’une collection de 600 sortes au départ, je dépasse les 1000 variétés en 1987 pour une production de 700 000 pots. Les jardineries, les jardins botaniques, les vacances sont autant de viviers de nouvelles plantes à essayer, cultiver et commercialiser.

Par hasard, en novembre 1988, j’accepte de chanter au Chœur Mixte « Tournesol » de Dommartin, où je fais la connaissance de ma future épouse, Corinne Curchod, originaire de ce village. Je m’installe à Dommartin le 15 mai 1989.En 1990, deux évènements changent radicalement ma vie : mon mariage et mon changement d’employeur.

Andréfleurs étant sur le déclin, des erreurs de gestion et de marketing aidant, je perds tous mes clients grossistes en une année.je décide de changer de place de travail.

C’est une cliente exigeante et pleine de caractère, Mme Renée Guisan, nièce du Général Guisan, qui me propose de venir entretenir le grand jardin de vivaces que j’avais dessiné et planté deux ans auparavant dans son E.M.S. (établissement médico social, maison de personnes âgées) à Yverdon. J’accepte cette proposition mi-juin et, dès le 1er juillet 1990, je commence à la Résidence des Jardins de la Plaine à Yverdon.

C’est dans ce cadre que commence véritablement ma carrière et mon plaisir de décorer, embellir, créer, me renouveler. Mme Guisan, diplômée d’art-déco, ne me laisse pas faire n’importe quoi. Elle est à l’affut de la moindre faute de goût, d’équilibre de mes réalisations. Parfois, en tout respect, nous nous prenons de becs pour des détails, à l’étonnement général, mais je la remercie encore aujourd’hui pour cet enrichissement et ces défis permanents. La routine n’avait pas sa place.

N’ayant pas de budget, c’est à force d’idées créatrices, de récupération, de sorties dans la nature que je décore cet E.M.S. pendant 12 ans. Aucune fête ne passe sans une décoration appropriée : grands bouquets, entrée décorée à thèmes, arrangements de tables et j’en passe. Bien sûr, Noël ne manque pas à la règle, et mes gènes alsaciens s’en donnent à cœur joie.

En 1993 naît mon premier fils, Antoine, le second, Guillaume en 1997. Antoine est aujourd'hui horloger praticien et rhabilleur; quant à Guillaume il est agriculteur. Ils sont passionnés tous les deux.
En 1998, je demande la naturalisation Suisse que j’obtiens très rapidement par mariage, ayant rempli les conditions depuis bien des années.

Fin 2001, à nouveau pour des erreurs de management, l’E.M.S. est vendu. Le nouvel administrateur est malheureusement dépourvu de toute humanité. L’idée novatrice du début des années 90, celle d’un cadre de vie de qualité dans ces établissements, idée défendue âprement et développée par Mme Guisan, en prends un sacré coup. Ce n’est plus que la seule rentabilité qui anime cet établissement. Il me licencie fin 2002 en me « remerciant » de la sorte : je n’ai pas besoin d’un Guignard de l’horticulture (référence faite au célèbre pâtissier du Pays de Vaud). Ces paroles sont toujours dans ma mémoire ; à l’époque, elles m’ont blessées profondément, 12 ans d’ancienneté et jusqu’à 14h par jour de travail pour satisfaire ce petit monsieur. Maintenant, je pense qu’il n’aurait pas pu me faire meilleur compliment.

Grâce encore à Mme Guisan, j’emporte dans mes bagages, l’œuvre de 12 ans d’efforts : la crèche. Ce n’est qu’en avril 2003, j’ai alors 44ans, que je retrouve un travail : en tant qu’intendant-jardinier, je recommence une nouvelle vie au Château de Bioley–Magnoux, pour Madame et Monsieur Sigwart, cardiologue ayant développé les stents. J’y travaille toujours aujourd’hui.



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